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Rever et se réaliser...
1 novembre 2006

Encore quelques nouvelles

Jeudi 19 octobre 2006

Ce soir une femme sur le point d'accoucher s'est présentée à l'hôpital. Nous ne sommes pas vraiment équipés, nous l'avons conduite à 15 minutes de là à l'hôpital d'Aquin, où des infirmières très compétentes se sont chargées de son accouchement.

Nous avons tenu à rester avec eux pour observer comment ça se passe ici.

C'était la première fois pour Olivia,

Tout c'est bien passé.

Les conditions sont plutôt précaires, mais elles savent bien faire leur travail. L'enfant est tout de suite pris par l'infirmière et aspiré avec une petite poire. Il est tenu par les pieds dès son arrivée il voit le monde à l'envers.

La maman, une fois l'enfant né, (c'était une fille, pas de prénom pour l'instant, ils ne préparent pas les prénoms à l’avance) a remercié le Seigneur.

Elle exprimait peu ses émotions mais semblait contente que tout ce soit bien passé

Mardi 24 octobre 2006

 Après un super week-end, nous attaquons dur dur le lundi matin avec 75 consultations (habituellement une trentaine ) et un stress accru car Madeleine ( notre responsable de l'hopital qui vit en France) nous a informé que nous recevions la visite d'un membre de l'association des Hauts-de-Seine ce week-end et qu'il fallait bien le recevoir, tout devra être nickel. Quelle erreur tout devrait être nickel tous les jours !

En fait actuellement je réorganise l'hôpital car nous manquons de place, car les locaux mal conçus ne sont pas utilisés à leur pleine capacité.

Les couloirs sont remplis de patients qui attendent leur tour, ils s'agglutinent tous, au plus près du médecin derrière sa porte si bien qu'il faut enjamber tout ce petit monde pour passer.

Actuellement j'ai installé une salle d'attente où ils attendent que l'infirmière les nomme pour descendre 3 par 3 vers le couloir des médecins, ce qui fait déjà, au total, une dizaine de personnes car ils viennent toujours accompagnés d'un ou plusieurs membres de leur famille.

Au début je trouvais ça pénible qu'il y ait autant d'accompagnants, mais ça a ces avantages, car ils peuvent aider la personne, à se déplacer si elle est en difficulté, à payer si elle n'a pas assez, si cette personne est hospitalisée, la famille reste dormir et répond à tous ses besoins, comme se nourrir, boire, aller aux toilettes, se dévêtir, se laver, appeler l'infirmière qui dort à la résidence, si bien que j'ai peu à faire pour les soins à comparaison de la France.

 Je suis en train d'installer une salle d'accouchement, avec l’aide d'une des Miss qui a de l'expérience, afin de ne pas être prise au dépourvu si il y en avait besoin!!!donc ça nous motive tous à commencer à prendre en charge les accouchements, les médecins, les Miss et moi, bien sûr !

Mais j'ai un peu peur des complications, car nous n'avons pas les moyens de les prendre réellement en charge, nous devrions les référer dans une structure plus adaptée avec bloc opératoire à 1h30 d'ici. Et c'est vraiment prendre des risques, mais il n'y a pas mieux dans les environs de toute façon.

Il y a tellement de mortalité néonatale dans ce pays que j'aurai préféré être une sage-femme pour être plus efficace. Il y a des livres à la résidence, que je feuillette de temps en temps mais rien ne remplace l'expérience et les compétences d’une vraie sage-femme!

Je vais faire entièrement confiance à Miss Hérard qui a eu 7 ans d'expérience en maternité et pédiatrie.

Je lui ai proposé de nous former ; en effet, une fois par mois il y a des cours donnés par un médecin, je vais donc utiliser cette plage horaire pour que chacun puisse enseigner son savoir aux autres, et ainsi valoriser l'expérience de chacun.

Actuellement c'est uniquement le médecin chef qui détient le savoir et il est très fier de faire des cours magistraux devant un auditoire de 6 miss ébahies par tant de connaissances !

Avec mon esprit rebelle je compte bien le faire descendre de son piédestal où il s'est lui-même installé avec tout le tact dont je suis capable car personne n'est au-dessus des autres même si on a fait des études .

Mes tâches ne se limitent pas aux soins, car en fait il y en a peu, à part 2- 3 perfusions à mettre et des antibiotiques à passer, je n'ai rien à faire d'extraordinaire, d'autant plus que les Miss s'en chargent assez bien (en nous éloignant de nos exigences françaises, bien sûr).

Donc je fais ce qu'elles ne pensent pas à faire, planifier, organiser, ranger, veiller que le linge soit propre et à sa place, donc surveiller la femme de ménage, veiller que tous les patients payent leur hospitalisation, les soins en chirurgie, donc surveiller le caissier pour qu'il n’oublie pas d'encaisser.

Nous avons encore quelques doutes en ce qui concerne l'honnêteté de tous les membres .

Aujourd'hui, grande émotion, quand en voulant ranger un placard, je suis tombée sur un vieux fusil de la guerre 14-18 apparemment sans balle, il était juste là, pour intimidation, s'il y avait des voleurs, Dixit l'administrateur, or il n'y a strictement rien à voler, et ça ne vaut sûrement pas une vie. Donc j'ai posé un ultimatum à l'administrateur pour qu'il l'enlève de l’hôpital où l'on soigne où l'on protège la vie où l'on donne la vie, un lieu incompatible avec une arme même si elle est inutilisable.

Ils m'ont tous regardé l'air étonné, de me voir crier, faire des bonds en l'air à propos de cette arme, eux ils trouvaient normal, même les Miss, d'en avoir une pour se protéger, et en avaient tous vu une. Alors que moi c'était la première fois. Et je n'aime pas la chasse.

Cela a été presque réglé, l'arme restera dans un dépôt en sous-sol, mais toujours au sein de l'établissement.

Je pense que l'histoire du pays compte dans cet incident, ce pays où règne violence, insécurité, où les médias véhiculent la peur en parlant des violences de Port-au-Prince, qui vit actuellement un répit politique, mais où des bandes organisées kidnappent, volent par quête d'argent facile.

Mais c'est difficile à croire, car en province, comme ici, rien ne se passe. Les gens sont très sympas ici et toujours prêts à rendre service, à nous faire des cadeaux, fruits, légumes. Ils aiment discuter avec nous, prendre contact, ils se font une joie de nous rendre visite juste pour nous voir, les enfants surtout, ils nous donnent d'ailleurs nos premières leçons de créole.


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